La notation occidentale n'est pas utilisée car les caractéristiques de la musique hindoustanie se trouvent dénaturées lors d’une notation sous forme de partition.
C’est une notation traditionnelle de la musique indienne qui est employée, car la gamme indienne ne correspond pas à la gamme également tempérée utilisée en Occident.
Les Indiens définissent les notes naturelles selon des critères esthétiques ou même poétiques, et il est alors difficile d’y faire correspondre une fréquence précise. Certaines des nombreuses théories musicales décrivent les sept notes principales comme celles qui enchantent le plus, ou sont les plus expressives ou bien encore les comparent aux cris de certains animaux!
Dans la pratique la note immuable et inaltérable, la tonique de l’échelle
musicale indienne et matrice de toutes les autres notes est le SA qui peut
être joué en Ré, Sol, Si ou n'importe quelle autre note.
Le musicien choisit lui-même la hauteur de son SA selon sa préférence ou
le registre de son instrument.
La gamme naturelle (c’est-à-dire non altérée) indienne se compose de sept notes :
SA RE GA MA PA DHA NI
Cette gamme peut correspondre à peu près à la gamme occidentale au cas
où le musicien choisit de jouer le SA en Do.
Ce n'est pas souvent le cas, voilà pourquoi la transcription en partition n'est
pas souhaitable, car il devient alors impossible de repérer la note la plus
importante : le SA.
Les noms des notes sont les diminutifs des mots sanscrits suivants :
Shadj (SA) : celle qui contient les six autres notes en elle, exprime l'Un,
Rishab (RE) : celle qui est rapide, exprime la confiance,
Gândhâr (GA) : exprime le calme,
Madhye (MA) : celle du milieu, exprime la paix,
Pancham (PA) : la cinquième, exprime la joie,
Dhaivat (DHA) : celle qui est habile, exprime la douceur,
Nishâd (NI) : celle qui est assise, exprime la volupté.
Les altérations de type dièse et bémol sont appelées respectivement tîvre
(aigu) et komal (doux).
SA et PA ne peuvent être altérés, et seul le MA peut être altéré en tîvre, ce
qui donne dans une gamme :
Cette gamme pourrait correspondre à la gamme chromatique, mais d'une part le SA ne correspond pas à une fréquence donnée, et d'autre part la position des autres notes dans l'échelle les unes par rapport aux autres n'est pas fixée définitivement.
Dans le système musical occidental actuel, les intervalles entre les notes naturelles et altérées sont strictement égaux, c'est ce que l'on appelle le tempérament égal. La musique indienne n'est pas tributaire du tempérament égal.
Le tempérament égal s'est imposé en Europe à la suite d’une évolution vers le gigantisme des ensembles instrumentaux, et en conséquence de la rigidité des instruments eux-mêmes. La musique baroque jouée au XVIIIème siècle était basée sur des modes de tempéraments inégaux, en général un mode par pays. Elle faisait appel à de petits ensembles, tout comme la musique indienne.
Les musiciens indiens, forts d’une très fine perception des tonalités, n’ont pas été dessaisis de l’accord de leur instrument, et conservent le luxe de lui donner la coloration qui leur semble la plus adéquate. Selon les ragas certaines notes se retrouvent décalées de quelques dix-millièmes d'octave.
Enfin, l'esthétique de la musique indienne exige la pureté de la note : l'harmonie, c'est-à-dire le fait de jouer plusieurs notes en même temps pour obtenir un accord particulier, n'est théoriquement pas utilisée.